-Je connais peu de gens de goût, et je m'en méfie beaucoup. Le sens de la mesure est une des plus grosses erreurs de la vie moderne: est-ce que les événements savent s'arrêter? Lisez les faits divers... Il n'y a qu'en France qu'on ne mélange pas les tons. On n'y a pas le droit de démarrer drôle et de terminer tragique ou vice versa. Ca vient d'une notion du goût. Nulle part on ne parle autant de mauvais goût qu'ici...
-Pour ne pas tomber dans la sensiblerie, pour conserver une vision objective, je devais m'astreindre à prendre une certaine distance. On a cru que c'était de la méchanceté, du "fascisme". Rien n'est plus faux... Je méprise un peu le monde, mais pas les gens... Mes personnages, je les aime, même les cons. Je tâche de les montrer tels quels, en grossissant un peu les traits pour qu'on les voie mieux, qu'on puisse mieux les juger -mais sans les juger moi-même, ce qui serait de la dernière malhonnêteté.
-J'admets le mal, mais je refuse le péché. J'aime mieux "la faute" que "le péché". La faute, pour moi, c'est une erreur matérielle, c'est une lacune... Le rêve est une erreur, pas un péché. Les bonnes femmes rêvent qu'elles vont être emmenées par le Prince Charmant: c'est une faute, une erreur, pas un péché...
-Mallarmé n'aurait jamais pu écrire ses poèmes s'il n'avait pas préalablement appris la syntaxe. On ne brise pas la syntaxe avant qu'elle soit assimilée...
Je trouve que le principe de l'écriture cinématographique se rapproche beaucoup de celui du roman du 19e, beaucoup plus en tout cas que du nouveau roman ou simplement du récit moderne...
A mon avis, il n'y a pas de grands ou de petits sujets, parce que plus le sujet est petit, plus on peut le traiter avec grandeur. en vérité, il n'y a que la vérité.
"Aux belles images inhabitées d'un Kubrick, il est permis de préférer les savoureux bâclages de Chabrol" (Jean-Claude Biette, cité de mémoire)
"Bellamy" restera son dernier chef-d'oeuvre, hélas.