La "lumière" de Memory Lane (Mikhaël Hers - 2010) est le fruit de l'inspiration de Sébastien Buchmann. Lui mis à part, quel chef opérateur peut aujourd'hui créer, éclairer des images où flottent le souvenir (évanescent, vaporeux, ouaté, un peu décoloré) du Rayon vert, du Pont du Nord, d'Un Jeu brutal?
S. Buchmann est également le chef opérateur (entre autres) de Je ne suis pas morte (Jean-Charles Fitoussi - 2008 - encore inédit).
Cinéma commercial à petit budget en Grèce. Ou ce qu'il subsistait chez les Hellènes, à l'orée des années 70, du destin funeste d'Electre, d'Ajax et des Atrides.
Dans une gerbe incandescente, la fusée s'éleva vers le ciel à une prodigieuse hauteur. Cet épanouissement de flammes, cet immense panache, illumina la piste de lancement toute entière. Les combustibles, dilatés par la chaleur, repoussèrent avec une incomparable violence les couches atmosphériques, et cet ouragan artificiel passa comme une trombe au milieu des airs. La Sélénite n'eut que la temps d'apercevoir le météore gigantesque qui fonçait droit sur elle. En un souffle, elle fut couchée comme un épi sous l'orage. Aussitôt, le sol lunaire se sentit secoué jusque dans ses entrailles.
A l'orée de la forêt, dans les environs de Stockholm, l'ogre de Castle Frankenburg, inoffensif et débonnaire, initie de jeunes pouces téméraires aux sortilèges sonores de son studio Andromeda. Dans le secret de son antre, mi-palais de conte de fée mi-capsule spatiale, les jeunes corps s'éveillent, vibrent et s'épanouissent au gré des crépitements électroniques et des harmonies célestes synthétiques.
A la même époque, sous des cieux moins hospitaliers, Telek s'adonnait à une éducation musicale plus morose: une fois par semaine, dans le salon fané de mademoiselle Petit, sur le clavier jauni d'un piano enfoui sous les napperons brodés, il déchiffrait péniblement "Le Carnaval des animaux" et "Allons donc voir ma mie". Depuis la pièce voisine, la vieille maman de son professeur, vivante momie tassée sur son fauteuil, les joues hâves, l'oeil éteint, ponctuait les leçons de ses toussotements et raclements de gorge. Piégé chez ces vieilles filles flétries à la maison dormante, Telek remâchait sa haine de la musique. (Dans sa tête minuscule se scellait, irrémédiablement, l'étreinte maladive de l'art musical et des choses surannées, obsolètes, mortes.) (Désormais, et pour l'éternité, tout arrangement de notes ne serait qu' "aboli bibelot d'inanité sonore".)
Vous aurez beau disposer, enfant, de partitions, de disques ou d'instruments divers, "pour votre avancement ce seront choses vaines, si vous n'avez, pour les faire valoir, ou des parrains ou des marraines."
(merci à "Toys and Techniques", pour la découverte des vidéos)
Ralph Lundsten - Svit for elektroniskt Dragspel (1968)