La Schizophrénie
(de schizé = casser en deux, et phrên = intelligence, esprit)
"le schizophrène est coupé du réel; il vit un rêve intérieur, et une circonstance extérieure parvient rarement à le ramener à la réalité. Le malade se replie sur lui-même, son psychisme se détourne complètement du réel. Il y a dislocation des associations psychiques; la pensée se trouve divisée en morceaux. Le schizophrène est séparé de la vie extérieure; sa conscience disparaît.
Il arrive que le schizophrène garde un peu de sociabilité, et reconnaisse des personnes anciennement connues. On dirait qu'il retrouve des lambeaux déchirés de son passé, dont il a encore une vague conscience...
Remarque intéressante: certains schizophrènes ont une grande exaltation intellectuelle. Leurs réalisations artistiques sont parfois extraordinaires; mais le caractère de ces oeuvres d'art est symbolique.
Dans la majorité des cas, la schizophrénie est une maladie débutant dans l'adolescence. le jeune malade entre dans des états de rêverie prolongée. Il montre des attitudes bizarres; il semble être absent. Il rit d'une façon discordante et étrange, et manifeste de fortes tendances à l'isolement total. On risque de l'accuser de paresse, de mauvaise volonté ou de simulation. Ces jeunes gens n'éprouvent plus aucun attachement ni intérêt envers qui ou quoi que ce soit. Ni élan, ni curiosité, ni affection, ni répulsion, ni amour, ni haine. Rien que le vide et la froideur, empêchant tout contact, comme si leurs sources profondes se figeaient dans une glace épaisse. Dans la majorité des cas, l'hospitalisation est indispensable."
(Les prodigieuses victoires de la psychologie moderne, Pierre Daco, éd. Marabout, 1960)
Il faut dire ce qui est : les films de Bozon, Bodet, Ropert, Léon, Fitoussi etc. ne valent pas un pet de moustique. Et je ne parle même pas de l'affligeant Civeyrac ni du sinistre Green. Ces films sont tristes, amers, étriqués, pète-sec, et pour tout dire invraisemblablement académiques, c'est-à-dire dépassés, inutiles, idiots.
RépondreSupprimerQuel rapport avec les photos ci-dessus? J'avoue ne pas comprendre.
RépondreSupprimerQuand à votre opinion sur les films mentionnés, c'est précisément "la vôtre" (et vous êtes libre de la défendre). Mais ne prétendez pas "dire ce qui est" quand vous vous contentez d'énoncer "votre" jugement (opinion, croyance...). Il n'y a malheureusement (ou non) pas de critère objectif en matière d'esthétique.
En ce qui me concerne, j'aime bien les gens "amers" et "pète-sec" (et je me reconnais assez dans ces qualificatifs), mais je ne suis pas sûr que les cinéastes dont vous parlez le soient. Vous-même, me semblez plein d'aigreur; nous pourrions peut-être nous entendre.
Bien à vous.
Telek
Oui, nous pourrions nous entendre, si j'étais bien sûr que vous trouvez comme moi ces films absolument détestables - car ils le sont.
RépondreSupprimerDésolé, mon opinion ne regarde que moi, et je la livrerai quand bon me semble (non quand on me somme de le faire).
RépondreSupprimerMais au fait, dissipez mon ignorance, je vous prie: dites-moi quels films, aujourd'hui, ne sont pas "académiques, dépassés, idiots"?
Telek
Votre opinion, vous avez pourtant commencé à me la donner, et dans ma réponse je ne faisais que vous exprimer que j'aimerais croire qu'elle est sincère. Quant aux films qui ne sont pas ce que j'ai dit, ne vous faites pas plus ignorant que vous n'êtes : vous savez comme moi qu'il faut les chercher, les trouver et les défendre, même si c'est moins facile qu'en, mettons, 1960 ou 1930. Pour se cantonner à ces dernières semaines, il y avait par exemple plus de vie, d'énergie et de générosité dans "Knight & Day" que dans tout l'ensemble des oeuvres des "cinéastes" dont nous parlions. Et là je prends un exemple très visible. Il y en a, bien sûr, de plus invisibles.
RépondreSupprimerTenez, rions ensemble d'un petit monument d'académisme : http://www.youtube.com/watch?v=6aguWYy6Rf8
RépondreSupprimer...de propreté et de facilité, de petitesse et de méchanceté, etc.
RépondreSupprimerDisons, pour conclure (je ne suis pas un troll, Bill Gates m'en garde!) : de bêtise confite (j'y ai bien réfléchi). En n'importe quel cinéaste français d'avant 1990, il y avait le besoin de se renouveler, qui lui venait d'un certain respect du spectateur. On estimait qu'on s'adressait à celui de tous les spectateurs qui voyait le mieux nos faiblesses et nos limites, et pour lui, on cherchait à faire mieux (j'idéalise exprès, mais c'est en gros comme ça que ça marche, qu'un cinéaste s'améliore). On croirait à voir les machins de Civeyrac, Ropert, Fitoussi etc., que personne ne leur dit jamais ce qui cloche, et qu'ils méprisent d'avance ceux qui trouveraient à redire à leur Oeuvre. Nul procès d'intention dans mes propos : juste le constat que de film en film, on s'enfonce, on se ridiculise un peu plus, mais avec davantage de prétention. Je suis aigri, comme vous dites, sans doute sans doute, mais l'aigreur ne repose pas forcément sur des sentiments mauvais comme par exemple la jalousie. J'ai un peu cru, au début de la décennie passée, à cette petite bande. C'était avant qu'ils aient de l'espace pour se faire connaître, c'était avant qu'ils l'occupent pour ressasser et se perdre dans des représentations. Du cinéma qu'ils aimaient, ils n'ont gardé que la part peureuse et médiocre : la joliesse, la retenue, l'entre-soi, la famille, les vilains petits secrets. Bien à vous.
RépondreSupprimerPost scriptum. Cela dit, certains d'entre eux sont de très bons critiques, mais comme il y a plus de bons critiques que de bons cinéastes...
RépondreSupprimer"Vraiment sage est celui (...) qui se fait la guerre."
RépondreSupprimerIl y a chez les blaireaux qui pourrissent les blogs - et, cher Telek, venez de faire l'expérience universelle de cette mauvaise rencontre -, des constantes de comportement et de syntaxe qui éclairent l'époque. Ils attaquent masqués, cherchent l'humiliation publique, et ont toujours une utilisation approximative des adverbes et des adjectifs. Exemple chez notre blaireau du jour : "invraisemblablement académiques". Même s'il avait raison (et c'est impossible puisque la notion d'académisme aujourd'hui ne signifie rien), son "invraisemblablement" placé là pour faire "écrit" ruine par avance tout espoir d'accord. Autre constante : l'introduction "à la coule" de faux éléments d'oralité, comme son "sans doute sans doute" qu'il doit imaginer venimeux. Mais le pire est qu'il utilise tellement de clichés (plus de musique/cinéma/littérature dans une toute petite chose que dans l'intégrale de je ne sais qui / ou encore : le procédé d'accumulation ("petitesse"... "méchanceté"... "propreté"...) pour dénoncer ce qu'il n'aime pas), que, pour lui répondre, on se sent soi-même sali, contaminé. C'est l'exemple du crétin par la culture qui entraîne tout le monde dans sa misère. Et ces crétins-là sont plus nombreux dans le cinéma et dans la pop que dans la littérature et la musique classique, j'ai remarqué. Justement parce que la notion de "grandeur" y est plus ineffable : du coup, ils se sentent plus libres de s'exprimer. Ah là là, quelle fatigue.
RépondreSupprimerCher monsieur Beck,
RépondreSupprimervos analyses sont imparables, et votre prose irréprochable. Faites-nous le plaisir (et l'honneur) de nous écrire plus souvent.
Ceci dit, qu'il soit entendu qu'on ne bâillonnera personne ici. D'une part, "l'humiliation publique" nous indiffère; de l'autre, nous avons toujours témoigné (par penchant naturel) une complaisance coupable à l'égard des atrabilaires aigris (ceux qui se vomissent eux-mêmes, mais sur les autres).
Si nos lecteurs veulent vilipender, "qu'ils le fassent" (comme a répondu Blanchot lorsqu'on le menaçait d'exhumer ses vieux écrits antisémites -voilà pour la référence littéraire).
A très vite.
Telek
"C'est l'exemple du crétin par la culture qui entraîne tout le monde dans sa misère." C'est joliment dit, c'est certain, mais ça vaut malheureusement plus pour les cinéastes dont nous parlions que pour moi, dommage que vous ne vous en doutiez pas. Pour le reste, du bon et du moins bon, du juste et de l'injuste, rien d'imparable, mais ça n'a pas d'importance.
RépondreSupprimerMais allez, j'ai cinq minutes, donc revenons-y un moment.
RépondreSupprimerSuis-je vraiment "masqué" ? Je le serais si je cachais mon identité car elle pourrait vous dire quelque chose, or ce n'est pas le cas : je suis inconnu de tous, sauf de mes proches, et ne connais personnellement ni les gens que j'attaque ni vous ni M. Beck. Ne pas donner son nom ou bien ne pas se choisir un pseudo n'est pas "attaquer masqué".
"la notion d'académisme aujourd'hui ne signifie rien". C'est faux et c'est bien dommage que vous ne le releviez pas, Telek. Vous savez pourtant que cela signifie produire une oeuvre dans les canons esthétiques reconnus par l'institution. Or, il y a des institutions : producteurs, CNC, festivals, critiques, etc. Donc, il existe bel et bien un académisme, qui ne se réduit pas, évidemment, aux cinéastes cités.
"son "invraisemblablement" placé là pour faire "écrit" ruine par avance tout espoir d'accord". Je vous accorderai pourtant que c'est un adverbe un peu cliché, et qu'il devait servir à appuyer (maladroitement) mon idée, à exprimer que je suis vraiment surpris que des petits-enfants de Garrel et de Rohmer puissent se vautrer ainsi dans l'académisme. C'est pourtant l'invraisemblable vérité.
"Autre constante : l'introduction "à la coule" de faux éléments d'oralité, comme son "sans doute sans doute" qu'il doit imaginer venimeux." Pas du tout. C'était, croyez-le ou non, sincère. J'y ai sérieusement réfléchi : suis-je aigri ? Sans doute. Ou plutôt : sans doute sans doute, car il y avait dans l'emploi de ce terme par Telek une petite envie de me cataloguer et de réduire la portée de mon propos. En tout cas, c'est bien le seul "élément d'oralité", si c'en est un, que vous trouverez dans mes messages.
"plus de musique/cinéma/littérature dans une toute petite chose que dans l'intégrale de je ne sais qui". Quand on a vu les films dont je parle et qu'on pèse ses mots, on voit très bien ce que je veux dire, par-delà le cliché. Je remarque à ce propos, M. Beck, que vous vous êtes bien gardé bien de prononcer le moindre avis sur le sujet de la conversation. Et que vous m'attaquez masqué.
Mais comme vous êtes d'accord avec Telek, votre argumentaire est imparable, et moi je suis un blaireau.
Une dernière, toute petite, parenthèse : je "suis" dans la littérature, figurez-vous. Ma citation de Corneille aurait pu vous mettre sur la piste. D'ailleurs, qu'est-ce que vous en avez pensé ? Rien, comme du reste ?
RépondreSupprimerOui, j'ai dit et pensé du bien des cinéastes que vous incriminez (vous oubliez d'ailleurs Sandrine Rinaldi), monsieur Je, Tu, Il, Nous, Vous...
RépondreSupprimerEt "si c'était à refaire, je le ferais encore" (Corneille).
Telek
Sur les cinéastes en question... Je n'ai pas d'avis, je l'avoue. Mais puisque vous me le demandez, je vais essayer de vous dire pourquoi je n'en ai pas : je pense que le temps n'est plus au jugement. Un exemple : l'extrait du film de Civeyrac que vous mettez au pilori. Il se trouve que cet extrait, je l'ai regardé dix fois de suite lorsque je l'ai découvert sur le site de la Quinzaine des Réalisateurs, cette année. Il me fascine, cet extrait. Pas seulement parce que je suis ami avec l'actrice qui s'exclame : "Bouffon !", et que l'entendre dire ça, aussi mal, me fait rire aux éclats (d'un bon rire, un rire heureux d'avoir vu ça.) Mais surtout parce que je ne suis pas en mesure de décider si cet extrait est une étape dans le film, et si le film lui-même est une étape dans l'oeuvre. Alors avant de sortir l'argument de l'académisme, j'ai envie d'accepter la nullité de cette scène comme une nullité qui me parle de la mienne, de la vôtre, de notre époque. Cette scène me paraît honnête parce qu'elle est aussi nulle que ce qui se passe réellement dans une salle de classe, au lycée. Vous dites "académisme", je réponds : un certain degré de réalité. Et pour décider si c'est le degré le plus pertinent aujourd'hui, je vais devoir attendre, peut-être quelques années. (Si j'y pense encore, évidemment : beaucoup d'images sont candidates à rester dans la mémoire, il y aura un tri.) J'aime bien aussi comment celui qui se fait traiter de "bouffon" balance sa canette de coca depuis un plan et la canette arrive dans l'autre. C'est drôle, c'est un peu dérisoire, et c'est assez gentil : personne n'est dupe et on imagine volontiers l'accessoiriste balancer une canette avec l'actrice qui lui dit ensuite "Eh dis-donc tu as failli me l'envoyer en pleine poire". Il y a de la vie là-dedans, cela n'a rien à voir avec ce qu'on appelait il y a 150 ans "l'académisme" en peinture, qui était plutôt le refus de la vie (de l'imprévu, si vous voulez). Et les instances que vous décrivez (CNC, festivals, critiques) sont trop multiples et désunies (il suffit de voir à quel point tout le monde se tire dans les pattes - la preuve votre intervention ici) trop multiples et désunies disais-je pour représenter "un" académisme. Il y a des foyers de réaction académique, je vous l'accorde : l'expression "un film Afcae", par exemple, décrit bien ça, le gel du cinéma d'auteur dans un entre-deux mortifère. Mais cette notion d'académisme me semble vraiment trop réductrice pour essayer de faire face à la prolifération d'images (d'autant plus difficile à saisir qu'elle intervient dans un contexte d'effondrement des valeurs). Ce que je veux dire, c'est qu'en récitant les catégories d'autrefois, vous allez bientôt nous parler des mac-mahoniens ou de je ne sais pas quoi. Tout ça est mort, comme la cinéphilie, comme la critique (au sens où elle ne "prescrit" plus rien, comme on dit). Il y a autre chose qui s'est substitué à ça, et cet autre chose, dans un contexte ultra-ouvert, chacun le définit. En ce qui me concerne, ce serait plutôt la religion du "plan". Pour Telek, qui est fan de Moullet, ce sera certainement autre chose. Etc. Etc. Vous disiez qu'autrefois les cinéastes s'alignaient sur le plus critique de leurs spectateurs, en une sorte d'exigence intime. Mais même celui-là, "l'ennemi dans la glace", n'y est plus, il s'est fait invisible. Tout s'est disséminé. (La suite ci-dessous)
RépondreSupprimer(suite) … La seule chose du passé dont nous aurions besoin, et dont plus personne ne se réclame, ce serait d'une bonne politique des auteurs. Je conçois que, dans le passé, il se soit plus souvent agi d'une "politique des copains", avec ce que cela peut avoir de désagréable pour des solitaires comme vous ou moi. Mais une véritable politique des auteurs, c'est-à-dire f... la paix aux cinéastes, leur laisser le temps de progresser dans les niveaux de réalité, ne pas se jeter sur Civeyrac en disant "ouh ! ridicule !" parce qu'il y a dans telle ou telle séquence quelque chose qui au fond vous fait un peu honte à vous et pointe un truc que vous n'avez pas réglé (et je ne vous jette pas la pierre : nous sommes entièrement constitués de choses non "réglées", vous, moi, Telek, Civeyrac - j'exclue de cette liste Stilla qui a vocation à la perfection), voilà ce dont nous aurions besoin. Au passage, ce serait bien pour les écrivains aussi, qu'ils aient le temps de finir une phrase. Mais le jugement remplace tout, fulgurant. C'est pour cela que je me suis énervé après vous hier, et je veux bien vous présenter mes excuses pour la partie "insultes". Mais comprenez que c'est insupportable, cette façon de juger, de jauger, de qualifier (les histoires de "pets de moustique", tout ça) et ne plus laisser à personne le TEMPS DE TRAVAILLER. Et je vais vous dire pourquoi c'est grave : parce que ça bénéficie à ceux qui se font les champions de la vitesse, et qui sont des mystificateurs. Vous savez très bien à qui je pense. Et ça me rassure que vous le sachiez.
RépondreSupprimerCher Martin Beck,
RépondreSupprimervous êtes un parfait gentleman, et je vous sais (parfaitement) gré du compliment.
Bien à vous,
Stilla
PS: Telek a ajouté ci-dessus le nom de S. Rinaldi, mais a omis (et ne se le pardonne pas) celui de Benjamin Esdraffo (auteur du "Cou de Clarisse"). L'oubli est réparé.
Il aura fallu un peu de mes jugements à l'emporte-pièce pour vous faire parler, et bien parler, Martin Beck. J'accepte vos excuses et, mieux que ça, je réfléchirai à ce que vous dites, car ça en vaut la peine. Un seul point me fait immédiatement réagir, c'est que "pour décider si (le degré de réalité de la séquence du film de Civeyrac est) le degré le plus pertinent aujourd'hui, vous allez devoir attendre, peut-être quelques années." Je crois qu'on peut être beaucoup plus rapide que ça, et que ça ne tient pas à ce qui se dit dans cette séquence mais à comment c'est dit et filmé, et là, vraiment, je ne peux que me répéter : je ne sens et ne vois là-dedans que bêtise confite, et rien de plus.
RépondreSupprimerTout est bien qui finit bien. On se fait tous un gros bisou.
RépondreSupprimerTelek